Semaine de 4 jours et service des enseignants du 1er degré : ça ne passe pas !

lundi 8 septembre 2008


La contestation de la semaine de quatre jours s’enracine. Au centre des critiques, l’aide aux élèves en difficulté.

Pour l’organisation du service des enseignants, un décret du 30 juillet et une circulaire du 6 août 2008 sont venus compléter le décret du 15 mai 2008.

D’après ces textes, la durée de l’enseignement scolaire hebdomadaire dans le premier degré est fixée à vingt-quatre heures hebdomadaires dispensées à tous les élèves auxquelles s’ajoutent deux heures d’aide personnalisée pour les élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages.

Il est à noter que le privé catholique (après E de Labarre, SGEC, en juin) veut déroger à ces textes en dispensant à tous les élèves (et non plus aux seuls élèves en difficulté) les deux heures supplémentaires... pour ne pas « risquer la création de ghettos au sein des établissements en stigmatisant certains élèves ».

Pareillement d’autres écoles catholiques sont incitées à ne pas abandonner le samedi matin, qu’elles réservent à des rencontres avec les parents ou à la tenue d’ateliers.

Volonté d’avantage concurrentiel vis à vis des parents issus des classes moyennes qui voient avec angoisse disparaître une partie de la « prestation » ?

Fort heureusement, cette logique de « réforme à la carte » est ignorée par les écoles de base, ce qui n’empêche pas les maîtres du privé de contester les modalités d’application de ces mesures.

 L’évolution de l’horaire des écoliers depuis le XIXe siècle

1894 1 338 heures de cours réparties sur 223 jours de classe, soit 30 heures sur cinq jours
1922 1 260 heures sur 210 jours. Les vacances d’été passent de six à huit semaines
1938-1939 1 128 heures dans l’année réparties sur 188 jours de classe. Création des vacances de Noël
1969 Passage à 27 heures hebdomadaires, pour libérer le samedi après-midi
1989 936 heures pour les élèves, dont l’horaire passe à 26 heures, la 27e heure devient une heure de concertation entre maîtres d’une même école
2008 24 heures hebdomadaires sur 36 semaines, soit 840 heures en tenant compte des jours fériés, auxquelles s’ajoutent deux heures par semaine pour les élèves en difficulté

 Les termes du débat

La suppression des cours du samedi matin pose le problème du respect des rythmes d’apprentissage de l’enfant.

Les opposants, associations et réseaux pédagogiques en tête, contestent la quasi-généralisation de la semaine de quatre jours, ainsi que la pertinence de l’aide individualisée de deux heures par semaine qui, à partir d’octobre, doit être dispensée en petits groupes aux enfants les plus en difficulté.

Selon les critiques, aucun des moments prévus pour cette aide (tôt le matin, à la mi-journée ou après 16 h 30) ne pas paraît approprié aux possibilités des élèves en difficulté.

Les nouveaux programmes sont aussi critiqués pour leur vision uniquement mécaniste de l’apprentissage, et pour l’approche réactionnaire de certains contenus.

Un appel intitulé « Rythmes scolaires à l’école primaire : évitons la catastrophe ! », lancé en juin sous l’égide de la revue les Cahiers pédagogiques, a recueilli depuis 6 700 signatures.

L’historien de l’éducation Antoine Prost et le professeur Hubert Montagner, ancien directeur de recherches à l’Inserm et spécialiste des rythmes de l’enfant soulignent que « les journées de six heures sont trop longues pour les enfants en difficulté », M. Montagner estimant que la durée du temps scolaire devrait être modulée en fonction de l’âge et que les points forts de l’apprentissage devraient être réservés aux moments où la vigilance est la meilleure : en milieu de matinée et en milieu d’après-midi.

M. Montagner a cité en exemple la ville de Brest où un large débat avec l’ensemble de la communauté éducative a permis de revenir sur la semaine de quatre jours en rétablissant le mercredi matin et en allégeant les horaires des autres journées.

Ils estiment aussi que le ministre ignore toute recherche avant de prendre ses décisions.

Ils demande l’organisation d’une conférence nationale sur la question des rythmes scolaires, et un premier bilan rapide des nouvelles mesures.

 Rappel des principales règles applicables aux maîtres

Les enseignants du premier degré consacreront désormais 24 heures hebdomadaires d’enseignement à tous les élèves, au lieu de 26 heures dans le système actuel.

Par ailleurs, 3 heures hebdomadaires en moyenne annuelle, soit 108 heures annuelles s’organiseront de la manière suivante :
 60 heures seront consacrées à de l’aide personnalisée aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages et au temps d’organisation correspondant.

 24 heures seront consacrées aux travaux en équipes pédagogiques, aux relations avec les parents, à l’élaboration et au suivi des projets personnalisés de scolarisation pour les élèves handicapés soit une augmentation de 6 heures par rapport à la règlementation actuelle.

 18 heures permettront l’animation pédagogique et la formation soit une augmentation de 6 heures par rapport à la règlementation actuelle.

 6 heures enfin iront, comme cela est déjà le cas actuellement, à la participation aux conseils d’école obligatoires.

Dans le cas où les 60 heures précitées ne peuvent être intégralement mobilisées pour de l’aide personnalisée, elles sont consacrées au renforcement du temps de formation des enseignants hors de la présence des élèves.

La répartition des 108 heures annuelles de service est effectuée sous la responsabilité de l’inspecteur de l’Éducation nationale chargé de la circonscription dans laquelle se trouve l’école où exercent les enseignants concernés.

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