Suppression de postes : un choix politique qui continue d’impacter l’avenir de l’école

dimanche 27 octobre 2024


Alors que le ministère dit « recruter » , « pas une classe sans prof »...le budget 2025 annonce 4000 suppressions de postes dont 700 dans l’enseignement privé (660 dans le premier degré et 40 dans le second). C’est le premier degré particulièrement touché qui paye les frais de cette politique qui fonctionne à tâtons.

C’est une politique d’austérité sans comparaison depuis 15 ans.

Et pourtant même si l’argument avancé pour justifier cette politique est la baisse démographique, pourquoi justement ne pas profiter de cette occasion pour réparer l’école, une école en souffrance ?

Alors que dans un même temps nous sommes dans un contexte de pénurie de professeurs avec des discours autour de l’école qui expliquent que l’éducation nationale reste une priorité nationale. Le code de l’Education confirme et précise dans l’article L111-1 :« L’éducation est la première priorité nationale. Le service public de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants. Il contribue à l’égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Il reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à la scolarisation inclusive de tous les enfants, sans aucune distinction. Il veille également à la mixité sociale des publics scolarisés au sein des établissements d’enseignement. »

Pourtant c’est bien le 10 octobre 2024, que le projet de loi de finances a présenté différentes mesures :
 des investissements pour l’innovation numérique et la transition écologique,
 la poursuite des réformes et dispositifs engagés (Pacte enseignants, réforme du lycée professionnel…),
 des moyens supplémentaires pour l’inclusion… et 4000 suppressions de postes.

Sous prétexte que le gouvernement Barnier découvre une « dette abyssale » cf. Discours du premier ministre Barnier « une dette supérieure à 3.200 milliards d’euros avec une charge qui constitue le deuxième poste de dépense de l’Etat derrière l’école », il annonce des coupes drastiques dans l’éducation en particulier et les services publics en général.

Réduire la dépense publique et supprimer des postes de fonctionnaires : l’union des droites, de Macron à Barnier avec le soutien de Le Pen, sont les marottes inoxydables de ces gouvernements successifs.

Comme l’a expliqué l’économiste Michaël Zemmour, « tout cela n’est pas lié à un terrible fatum ou à des circonstances malheureuses. Cela s’inscrit dans une stratégie : on vide les caisses et quand on fait le constat qu’il n’y a plus rien, on coupe dans la dépense publique en argumentant qu’on ne peut pas faire autrement. C’est d’autant plus redoutable que tout débat politique sur le sujet n’a pu avoir lieu, ni pendant la campagne présidentielle de 2022 que le camp du président sortant et reconduit a pris soin de saboter, ni pendant la campagne législative de 2024, trop courte pour qu’il puisse en ressortir quoique ce soit ». cf. article « Barnier et la dette : vrai problème, mauvaises solutions » , in Regard.fr du 1er octobre 2024.

Une des questions centrales qui se posent pour les françaises et français est : quels services publics voulons-nous pour nos impôts ?
Et depuis quelques décennies, les différents gouvernements successifs sont en train d’y répondre à notre place : suppression des services publics au nom des économies. Pourtant , il s’est avéré que la France a su bien mieux résister aux crises financières (2008) et de santé (COVID) gràce à son système de solidarité, et à ses services publics.

Or, la faible solidarité des classes supérieures avec le reste de la collectivité, le déplacement des investissements publics en aides aux entreprises, tout cela conduit à la dégradation des services publics… Et donc à la contestation des impôts… Conclusion logique donc, il faut de la justice fiscale, pour que les services publics fonctionnent mieux et équitablement.

La mauvaise route empruntée par l’union des droites de Barnier montre que l’on va continuer à foncer dans le mur en laissant de côté l’élève des campagnes. Nos politiques ne tiennent pas comptent des réalités de notre territoire. Il existe des disparités importantes et connues de toutes et tous, elles ont encore fait l’objet d’une étude dans « Géographie de l’École » - édition 2021" DEPP, qui décrit le système d’éducation et de formation afin de mettre en lumière les disparités territoriales.->https://www.education.gouv.fr/geographie-de-l-ecole-323657]

Pourtant, dans le premier degré, le premier touché par les coupes budgétaires, il faut prendre en compte les multi-niveaux, les élèves en situation de handicap, les élèves en grande difficulté scolaire, le trajet que certaines familles doivent faire pour conduire leurs enfants à l’école, le ramassage scolaire, la capacité d’accueil des locaux.

Qui prend en compte tous ces paramètres au ministère ? Une école rurale où il y a 15 élèves est souvent une école de « classe unique » qui doit continuer à rester ouverte : l’école se doit d’accueillir et d’instruire. On rappelle que l’école est LA priorité de l’état.

Ainsi, ce maillage va continuer à s’affaiblir et les conditions d’enseignement vont continuer à se dégrader. Et évidemment, ce seront les milieux ruraux et populaires qui vont en faire les frais.
Et c’est bien là que ce choix est politique, car au lieu de choisir de taxer les plus riches via le rétablissement de l’ISF, le conditionnement des aides aux entreprises, l’imposition des dividendes… l’union des droites de Barnier contribue encore et toujours à fragiliser et stigmatiser les mêmes catégories de population. Un tapis rouge continue à se dérouler pour le RN aux prochaines élections présidentielles.

Le SUNDEP Solidaires continuera à hurler que d’autres chemins sont possibles, faisons barrage à cette politique anti école !
Mobilisons nous contre cette politique.