Rénovation de la filière professionnelle : vraiment ?

lundi 26 mai 2008


Deux textes sont présentés par le ministère comme des accords fondateurs pour un renouveau de la filière professionnelle.

Ils ont été négociés avec un nombre très réduit d’organisations : SNETAA, SNPDEN (syndicat de chefs d’établissement), ID-FAEN pour le protocole d’accord du 23 mai, en plus SGEN-CFDT et SE-UNSA pour le relevé de conclusions (signé le 30 avril).

Si on s’en tient aux généralités énoncées, ces deux textes peuvent faire croire à des ouvertures. Il reste qu’aucune échéance, aucun moyen n’est prévu ... et que le livre blanc issu du rapport Pochard sur le métier d’enseignant risque de rendre l’ensemble bien léger.

 Relevé de conclusions du 30 avril 2008

Il fait des constats (pas vraiment nouveaux), et liste des propositions, assez générales et sans lister de mesures précises, sauf celles qui confirment les orientations actuelles :

"Augmenter le nombre de jeunes validant un niveau IV de formation ... en agissant sur leur motivation :
 les placer dans la perspective directe d’un baccalauréat, dans le cadre d’un cycle de formation de 3 ans ;
 donner cependant la possibilité de l’obtenir dans un parcours individuel en quatre ans" ...

Confirmation du bac pro 3 ans, avec une possibilité dérogatoire en 4 (redoublement ?) ...

"En incluant une certification intermédiaire pour les jeunes engagés dans un cursus de formation vers le baccalauréat professionnel :
 qui soit un véritable diplôme reconnu par les professionnels et défini selon des critères nationaux ;
 qui soit intégrée de façon cohérente dans le cursus ;
 avec des modalités de certification qui pourront être mixtes (épreuves en CCF et ponctuelles)."

Donc fin du BEP (diplôme reconnu dans les conventions collectives) et mise en place ... d’autre chose)

L’accès aux DUT et aux BTS, diplômes de la voie technologique, qui sont préparés respectivement dans les IUT au sein des universités, et dans les STS au sein des lycées, est à recommander aux bacheliers professionnels de bon niveau, de préférence aux autres formations supérieures.

Le texte reconnaît l’absence de poursuites réelles en IUT ... et ne prévoit rien pour les augmenter. La fermeture sur les seuls BTS est donc confirmée.

Des mesures pour les enseignants de la voie professionnelle ?

 "les plans académiques de formation devront prévoir des modules de
formation spécifiques autour des problématiques des parcours différenciés et de l’aide individualisée, de l’accompagnement à l’orientation, de la prise en charge des élèves en voie de décrochage, et plus simplement, de l’appropriation de la rénovation.
 des dispositifs d’accompagnement et de formation seront proposés au niveau académique afin de contribuer à la résorption de la précarité. Il s’agit, en facilitant l’accès à la VAE des personnels enseignants non titulaires, de leur permettre l’obtention des titres universitaires nécessaires à leur candidature aux concours de PLP.
 les modalités d’exercice des fonctions des PLP seront repensées au moment de la mise en œuvre de cette rénovation ... Il s’agira de leur reconnaître expressément la possibilité d’enseigner dans l’enseignement supérieur. Il s’agira aussi de reconnaître la spécificité des tâches qu’ils accomplissent."

Dans toutes ces généralités, 2 points à surveiller (mais tout dépendra des textes qui doivent être modifiés) :
 la mise en place d’une VAE pour les précaires
 l’éventuel changement de règle pour l’emploi des PLP (jusque là contraints de faire au moins un mi-temps en LP). L’ouverture plus grande vers les BTS pourrait permettre de résoudre certains problèmes d’emploi, et d’apporter des perspectives d’évolution de carrière. Mais ... attendons !

 Le protocole d’accord du 23 mai 2008

Ce document entend « valoriser la voie professionnelle pour assurer au moins une formation de niveau V à tous les jeunes » et « valoriser la voie professionnelle en tant que parcours du CAP au BTS ».

Il appelle à « individualiser les parcours pour respecter les rythmes d’acquisition des élèves » et « développer les passerelles entre les formations de niveau V et IV et entre les voies professionnelle, générale et technologique ».

Et rien d’autre ! A quoi sert ce type de document ?
Signataire de cet accord, le Snpden-Unsa, qui regroupe la majorité des chefs d’établissement, dénonce les fermetures de formations de niveau IV dans certaines académies ...

 Le rapport Pochard et les profs de LP

 "les établissements devraient avoir la maîtrise d’au moins 10 % de leur dotation en heures d’enseignement ;
 les chefs d’établissement auraient une « marge d’appréciation » dans la fixation des « modalités locales de travail » ;
 un « lien contractuel » entre l’établissement et l’enseignant pourrait être envisagé ;
 le temps de travail pourrait être annualisé : 18 heures hebdomadaires sur 36 semaines, donc obligation annuelle de 648 heures de cours à la libre disposition des chefs d’établissement ;
 une hypothèse envisage le passage à 22 h hebdomadaires (incluant soutien, tutorat ...)
 la double évaluation pédagogique, par l’inspection et le chef d’établissement, la rémunération fonction des « performances » et du respect du projet d’établissement ..."

Une toute autre musique ... dont on ne devrait pas tarder à entendre parler puisque le livre blanc du ministère et le projet de loi étaient annoncés fin mai. Il est probable qu’ils feront partie des mesures de vacances !

Protocole d’accord

Relevé de conclusions